Recruter en toute intelligence artificielle
A croire certains, les robots menacent l’emploi et même ceux qui recrutent. Mais ils permettent aussi de repérer la perle rare au sein d’une masse de CV. Avec plus d’efficacité que les humains ?
Par Florian Dèbes
Au XXIème siècle, le recrutement est tout autant une histoire de sensibilité humaine que de données brutes analysées par des robots. Sans remplacer totalement les chargés de recherche et les recruteurs qui mènent les entretiens, la robotique prend parfois la place des spécialistes Ressources Humaines dans les premières étapes d’une embauche. Parfois à l’insu des candidats.
Les robots prédisent les bons recrutements
« Depuis que l’on parle de e-recrutement, il y a de la robotique dans le recrutement, confirme Jean-Christophe Anna, confondateur de Link Humans et spécialiste du numérique dans les RH, quand un recruteur fait une requête dans un moteur de recherche de site emploi ou de réseau social, c’est un logiciel informatique, un petit robot, qui scanne des CV ». Certaines entreprises, par exemple Microsoft , ont recours à ces pratiques d’automatisation de la recherche afin de ne pas rater la perle rare qui sommeille dans leur bibliothèque de CV.
Mais ces algorithmes ne s’arrêtent pas là. Aujourd’hui doués d’intelligence artificielle, ils sont capables de prédire le comportement futur dans une entreprise d’un candidat, avant même son embauche. « Ces outils récoltent des informations en ligne, les classent et permettent au recruteur data-analyste de prédire la performance future d’un candidat et sa capacité à s’intégrer dans la culture d’entreprise », décrit Jean-Christophe Anna. D’après des chercheurs des universités du Minnesota et de Toronto, publiés par la Harvard Business Review , ces algorithmes seraient plus fiables dans la recherche du candidat idéal que les humains. Plus constant, puisque sans humeurs, les algorithmes ne sont pas perturbés par des détails insignifiants.
Recruteurs contre robots, le débat
Certains voient encore plus loin. Cette intelligence artificielle peut équiper un automate à qui serait confié l’entretien d’embauche. Une expérimentation a déjà été réalisée en Australie. Alors qu’une étude Roland Berger prédit que trois millions d’emplois pourraient disparaître en France d’ici à 2025 à cause de la robotisation de l’économie, les recruteurs humains sont-ils menacés ?
« C’est le débat aujourd’hui », constate Jean-Christophe Anna. Certains, à l’image de Laurent Alexandre (le fondateur de Doctissimo et de DNAVision), prétendent que les recruteurs se sont laissé dépasser par les robots. D’autres, comme Raja Chatila, scientifique au CNRS, sont persuadés que robots et humains peuvent co-exister. Ce concept de cobotique est matérialisé par le robot Beam, une sorte d’écrans sur roulette contrôlé par un humain pour accueillir un visiteur… ou un candidat.
Les dangers de l'IA
Elon Musk, le patron innovant de Tesla et Space X, ou encore le physicien Stephen Hawking ont récemment émis des critiques à l'encontre des promesses de l'intelligence artificielle, couramment abrégée "IA".. Pour eux, il y a un risque que l'Humanité soit dépassée par des machines ayant développé leurs propres aspirations et devenues incontrôlables...
D’autres vidéos de Jean-Christophe Anna